Semaine polonaise

27ème édition

Łódź, ville réinventée
De la manufacture à la culture

30 mars - 4 avril 2020


L'édition 2020 met en lumière la ville de Łódź dont la spécificité architecturale et la richesse culturelle fascinent aujourd'hui des créateurs de nombreux pays. Le projet de revitalisation urbaine entrepris par les architectes polonais et étrangers consiste à préserver de l'oubli et à restaurer plutôt qu'à démolir les vieilles bâtisses industrielles et les palais au charme d'antan. Ce travail de mémoire et de prospective, réunissant l'héritage matériel et immatériel, fait de Łódź une ville réinventée.

Plusieurs équipes de recherche, françaises et étrangères, tout comme de nombreuses disciplines sont impliquées dans la manifestation : architecture, urbanisme, géographie, arts plastiques et visuels, musique, cinéma et littérature. Elle fédère également plusieurs universités autour de la thématique évoquée : l'Université Jean Jaurès de Toulouse, l'École Nationale Supérieure d'Architecture de Toulouse, ainsi que l'Université Polytechnique de Łódź, l'Académie de Musique de Łódź et l'École de Cinéma de Łódź, ce qui lui confère une dimension pluridisciplinaire et internationale.

Le programme comprend une partie scientifique - le colloque - et une partie artistique - expositions, concert, spectacles cinématographiques et théâtraux.


Au cours du colloque, seront développés les thèmes suivants :
- contexte historique de la ville multiculturelle, multiethnique, pluriconfessionnelle, plurilinguistique
- patrimoine architectural de la ville : bâtiments industriels et résidentiels
- héritage culturel et artistique de la ville : littérature, musique, cinéma, théâtre, arts plastiques
- renouvellement urbain : reconversion des friches industrielles en espaces culturels

Les différents événements se dérouleront sur le campus de l'Université de Toulouse Jean Jaurès, à l'École d'Architecture, mais aussi en ville : Cinémathèque de Toulouse, Librairie Ombres blanches, Salle des Pèlerins de l'Hôtel-Dieu.


Łódź, ville située au cœur de la Pologne et par là-même au cœur de l'Europe, a souvent été appelée « Manchester polonais » suite au développement de l'industrie textile, origine de sa vigueur économique au XIXe siècle. Cette ville « promise » est devenue ville « grise » aux temps de la Pologne populaire, pour être redécouverte aujourd'hui dans toutes ses ambivalences. Source d'inspiration de nombreux créateurs grâce à son atmosphère unique, cette ancienne capitale des manufactures de coton est devenue aujourd'hui ville de culture.

L'essor de la ville au XIXe siècle est le fruit des deux tendances antagoniques : d'un côté, l'emphase romantique, de l'autre, la ténacité capitaliste. Et ce n'est pas le seul paradoxe ; le projet de revitalisation visant à transformer les anciennes manufactures en équipements culturels, ne tient pas tant compte de l'héritage architectural communiste récent que de celui de la période capitaliste, plus ancien et épargné des destructions de la guerre.

Il faut souligner le caractère hétérogène - multiculturel, multiethnique et multiconfessionnel - de Łódź ; au XIXe siècle, vivaient ici des Polonais catholiques, des Allemands protestants, des Russes orthodoxes et des Juifs ashkénazes. Ils furent des bâtisseurs de la ville ; ils érigèrent d'immenses manufactures de coton, des cités ouvrières, des résidences et des palais somptueux. Aujourd'hui, Łódź apparaît comme une ville de contrastes où des immeubles en ruine et des quartiers vétustes jouxtent des édifices restaurés, transformés en hôtels élégants, lofts luxueux, centres de recréation, musées, théâtres, cinémas et salles d'expositions. 

Plusieurs célébrités ont habité à Łódź et ont joué un rôle important dans l'histoire de la ville ; Julian Tuwim, Władysław Reymont, Arthur Rubinstein ou Izraël Poznański sont les premiers noms qui viennent à l'esprit, mais parmi les hommes de lettres originaires de Łódź, il conviendra de citer encore : Jerzy Kosiński, écrivain polono-américain, et Andrzej Sapkowski, auteur de SF traduit en plusieurs langues, parmi les compositeurs : Aleksander Tansman, Arthur Rubinstein, Roman Ryterband, Mieczysław Weinberg, Grażyna Bacewicz, parmi les artistes : la sculptrice Katarzyna Kobro, le peintre Władysław Strzemiński ou encore Karol Hiller et Artur Szyk, Ajoutons à cette liste, le nom de Ludwik Zamenhof, inventeur de l'esperanto... 


Łódź est également une ville de grandes institutions universitaires et culturelles ; sa fameuse École de Cinéma a formé des réalisateurs ayant marqué l'histoire de cet art, tels que Roman Polański, Krzysztof Kieślowski, Andrzej Wajda ou Jerzy Skolimowski, l'École Polytechnique a instruit des ingénieurs, architectes et urbanistes reconnus dans le monde entier, tels que Tomasz Krysiński, directeur de l'innovation d'Airbus Hélicoptères, l'Académie de Musique est devenue un véritable vivier d'interprètes ayant fait carrière dans le pays et au-delà des frontières, telles que Wanda Wiłkomirska, Barbara Hesse-Bukowska ou Teresa Żylis-Gara, et l'École des Beaux-Arts a formé des artistes tels que Roman Opałka, peintre franco-polonais.

La ville séduit les créateurs, les architectes et les urbanistes étrangers, non seulement par son histoire et sa culture, mais aussi par les potentialités qu'offre aujourd'hui son patrimoine architectural ; le projet du Nouveau Centre de Łódź a été confié successivement à Rob Krier, puis à Franck Gehry et ensuite à Daniel Libeskind. N.B. Ce dernier, natif de Łódź, est actuellement engagé dans la construction de la Tour Occitania à Toulouse. Le cinéaste David Lynch s'était également impliqué dans ce processus de revitalisation culturelle du centre-ville en créant la Fondation pour l'Art mondial, équivalent polonais du Musée Guggenheim, qui devait être installée dans l'ancienne usine électrique EC1. Ce projet, associant l'architecture internationale et polonaise, n'a pas encore été réalisé au jour d'aujourd'hui...

David Lynch commente ainsi sa fascination pour la ville :
Je suis tombé amoureux de Łódź parce que c'est l'un des rares endroits au monde où même la pauvreté ne dépossède pas les gens d'énergie. Je déteste la léthargie et la routine. J'essaie donc de me laisser contaminer par cette énergie émanant de Łódź. Grâce à cette ville et grâce à la « bande de Camerimage » est né mon film « Inland Empire ». La réhabilitation du centre de Łódź a pour l'objectif la création d'un espace pour les artistes qui pourront y réaliser leurs visions. Ce sera l'espace de la sculpture, du théâtre, de toutes sortes de musiques, du cinéma, de la danse, de la photographie, de la peinture et même de la création métallurgique. De cette façon, les artistes pourront s'inspirer mutuellement, échanger leurs idées, partager leurs expériences et créer.

Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer